Lettre à Madame Michèle Alliot-Marie, Ministre des Affaires étrangères
Madame le Ministre d’Etat,
Permettez-nous d’attirer toute votre attention sur la situation absolument dramatique subie par une pakistanaise, Madame ASIA BIBI.
Lundi 8 novembre, une cour de justice pakistanaise a condamné à la mort par pendaison, Asia Bibi, chrétienne âgée d’une quarantaine d’années et mère de famille, sous l’accusation de blasphème envers le prophète Mahomet.
L’affaire remonte à plus d’un an et s’est déroulée dans le village d’Ittanwalli au Pendjab, où la famille de la jeune femme vit depuis des générations. Le 19 juin 2009, alors qu’elle travaille dans les champs, Asia Bibi est priée d’aller chercher de l’eau pour désaltérer le groupe. Mais les autres ouvrières, musulmanes, refusent de boire une eau impure apportée par une chrétienne.
Les différentes versions des événements font état de menaces de la part du groupe de femmes sur Asia Bibi pour qu’elle renonce à sa foi. Celle-ci aurait ensuite été frappée avant d’être emmenée par une foule en colère et menée devant les responsables religieux. Release International, un groupe protestant de défense des chrétiens persécutés, qui a recueilli des témoignages sur place, relate que la jeune femme a été battue et ses deux filles molestées. Il semblerait qu’Asia Bibi aurait également été violée par un groupe de musulmans dont des religieux. Alors que la foule avait décidé de la lyncher, des chrétiens du village ont appelé la police qui a alors arrêté Asia Bibi pour blasphème selon l’article 295 C du code pénal.
Au Pakistan, la loi anti-blasphème punit de la prison à perpétuité les auteurs d’une profanation envers le Coran, et de la peine capitale toute insulte envers le Prophète. Ces derniers mois, les violences anti-chrétiennes commises au nom de cette loi se sont multipliées, en particulier au Pendjab.
Asia Bibi qui attendait son jugement depuis 2009, a été entendue en octobre dernier et condamnée à la peine capitale lundi 8 novembre par le tribunal de Sheikhupura. Le juge Naveed Iqbal qui a prononcé le verdict, a déclaré avoir condamné la chrétienne en écartant « totalement » toute « circonstance atténuante ». Pour être exécutée, la condamnation doit encore être validée par la Haute Cour de Lahore. Le mari d’Asia, Ashiq Masih, 51 ans, a déjà déclaré qu’il ferait appel de la sentence.
Selon Release International et d’autres associations de défense des Droits de l’Homme, il s’agirait de la première condamnation à mort pour blasphème prononcée par une cour de justice au Pakistan.
En juillet dernier, grâce à l’action du philosophe Bernard-Henri Levy, le sort de Sakineh Mohammadi Ashtiani, cette mère de famille de 43 ans condamnée à mort par lapidation en 2006 pour adultère et complicité dans le meurtre de son mari, selon Téhéran, a suscité une intense mobilisation dans les pays occidentaux. Son exécution est pour le moment suspendue.
Par la présente, nous appelons donc votre soutien afin que la communauté internationale, et plus particulièrement l’Union européenne, demande au Pakistan de surseoir la sentence appliquée à Madame Asia Bibi. La situation est urgente !
Dans l’attente de votre réponse, et sachant compter sur votre diligence et votre compréhension, je vous prie de croire, Madame le Ministre d’Etat, en l’expression de notre haute considération.
Dominique TIAN, Jean-Claude BOUCHET, Bernard CARAYON, Jean-Pierre DECOOL, Jean-Michel FERRAND, Jean-Paul GARRAUD, Françoise HOSTALIER, Lionnel LUCA, Henriette MARTINEZ, Georges MOTHRON, Daniel SPAGNOU, Jacques REMILLER, Jean ROATTA, Michel TERROT, Christian VANNESTE, Philippe VITEL, Députés
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