La dernière fois, c'était en septembre, avant le remaniement... et avant Guéant. Les députés de la Droite populaire, un collectif de la "droite dure" créé en juillet 2010, doivent de nouveau être reçus par Nicolas Sarkozy, mardi 3 mai, à l'Élysée. Au Château, on ne confirme pas l'information, mais plusieurs membres de ce groupe parlementaire de quarante-quatre députés ont déjà en tête les sujets qu'ils souhaitent aborder avec le chef de l'État. Une chose est sûre : "Le positionnement actuel de reconquête de l'électorat populaire" les satisfait, comme l'explique, pudiquement, Christian Vanneste. En d'autres termes, le durcissement de la politique du gouvernement, notamment sur les questions d'immigration et d'insécurité, correspond à leurs attentes. Et ils comptent bien encourager le chef de l'État à continuer dans cette direction.
Confortés sur ces sujets par l'arrivée de Claude Guéant à l'Intérieur, qui les a reçus "un long moment" au début du mois de mars, les députés de la Droite populaire essayent toujours de pousser plus. D'autant que, s'ils se targuent d'avoir durci les conditions d'accès à la nationalité française en imposant leurs amendements, ils ont connu un revers avec le rejet de l'amendement sur la déchéance de la nationalité dans le cadre de la loi sur l'immigration, rejet considéré comme une victoire des centristes de la majorité.
"Je suis content que Guéant reconnaisse qu'on n'a pas avancé depuis trois ans. Hortefeux, je n'allais même plus à ses réunions", confie Dominique Tian, député des Bouches-du-Rhône. Il confie même avoir parlé "droit du sang, droit du sol" avec le ministre de l'Intérieur, même si ce dernier ne s'est pas montré réceptif à ses idées. "Trop vite, trop tôt", présume Tian. De leur côté, Vanneste et le député du Val-de-Marne Patrick Beaudouin travaillent actuellement, de leur propre initiative, sur un projet de programme pour 2012, qu'ils doivent discuter avec les autres membres du collectif, puis présenter à l'ensemble de l'UMP. Soumettront-ils déjà certaines pistes au chef de l'État ? "Bien sûr !" s'exclame Christian Vanneste, confiant.
"Les meilleurs soldats de Sarko"
Nul doute que les députés de la Droite populaire, représentés au gouvernement par le secrétaire d'État aux transports, Thierry Mariani, trouveront une oreille plus attentive à l'Élysée qu'à Matignon, où ils ont été reçus le 29 mars dernier. De cette réunion avec le Premier ministre, peu de choses ont d'ailleurs filtré. La question du vote entre FN et Parti socialiste au second tour des cantonales, qui avait semé la pagaille dans la majorité, a été abordée. Mais on ne saura pas ce qui s'est dit exactement, même si certains concèdent, comme Christian Vanneste : "Fillon a redit quelles étaient ses valeurs. Il a un rejet du Front national qui est beaucoup plus fort que son rejet de la gauche, ce qui n'est pas notre cas." Il a bien l'intention de revenir sur le sujet - ce "capharnaüm" - avec le chef de l'État.
Pour Gillard, en les recevant comme il l'a fait avec d'autres courants de la majorité, le chef de l'État cherche simplement à rassembler sa famille politique. "Nous, on y va pour lui montrer qu'il a notre soutien", explique-t-il en substance. Et d'ajouter, amusé : "Et puis pour un verre de Perrier et quelques rondelles de saucisson !" Dominique Tian, lui, va plus loin : "On est les meilleurs soldats de Sarko", lâche-t-il, lui qui se plaît pourtant à rappeler que c'est son "cheminement personnel" - sa proximité avec Thierry Mariani, mais aussi le rétropédalage de l'Élysée sur les tests ADN - qui l'a conduit à adhérer à la Droite populaire. Une fidélité revendiquée par d'autres membres de la Droite populaire, comme Gillard, qui se décrit comme un "vieux guerrier" et pour qui il ne faut "jamais, jamais trahir sa famille politique". Il a beau trouver des défauts à Sarkozy ("On y mange très mal au Fouquet's ! Quelle faute de goût", plaisante-t-il), il estime qu'il a "fait le job". "Quand il y a des défis importants, il est là", insiste-t-il.
Le point commun de la plupart de ces élus ? Tous affirment entendre la voix des électeurs, des citoyens, ceux qu'on n'entend pas, "sur le terrain". La politique sécuritaire pour le moins décomplexée qu'ils prônent est, selon eux, la réponse indispensable aux questions qu'on leur pose et aux inquiétudes qu'ils constatent dans leur circonscription. Alors, quand on leur demande s'ils n'ont pas l'impression que la "droitisation" du gouvernement ne porte pas ses fruits sur le plan électoral, ils s'en disent convaincus : ça va venir, c'est certain, "mais sur le long terme".
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