Lors de la séance du 7 mai dernier à
l’Assemblée Nationale, Dominique TIAN a posé une question orale sans débat
à Madame la Ministre de l’économie,
de l’industrie et de l’emploi, sur une conséquence de l’application de la loi
n° 2005-102 du 11 février 2005 à l’égard des personnes handicapées.
Il a interpellé la Ministre, sur le fait que
« toute entreprise de plus de vingt salariés doit
embaucher au moins 6 % de travailleurs handicapés ou s’acquitter d’une
contribution financière. Or il peut arriver qu’un travailleur handicapé
embauché dans une entreprise en CDD de plus de six mois ou en CDI soit en arrêt
maladie du fait ou non de son handicap. L’entreprise est alors considérée comme
manquant à ses obligations au regard du pourcentage auquel elle doit se soumettre
pour l’embauche de personnes handicapées et doit alors s’acquitter de la
contribution financière en compensation. Cette mesure est particulièrement
injuste car elle touche un public fragilisé ». Il lui a demandé si elle compte
modifier cette règle doublement discriminante pour les personnes handicapées et
les entreprises.
Extrait du compte rendu intégral de la séance du 07 mai 2009M. Dominique Tian.
Je souhaitais appeler l’attention de Mme la Ministre de l’économie, de
l’industrie et de l’emploi, sur une conséquence qu’a l’application de
la loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour les personnes handicapées,
mais je me réjouis de la présence de M. Luc Chatel pour me répondre.
Toute entreprise de plus de vingt salariés doit embaucher au moins
6 % de travailleurs handicapés ou s’acquitter d’une contribution
financière. Or il peut arriver qu’un travailleur handicapé embauché
dans une entreprise en CDD de plus de six mois ou en CDI soit en arrêt
maladie, du fait ou non de son handicap. On considère alors que
l’entreprise manque à ses obligations en ce qui concerne l’embauche de
personnes handicapées, faute d’atteindre le pourcentage requis, et elle
doit de ce fait s’acquitter de la contribution financière en
compensation. Cette mesure est particulièrement injuste car elle touche
un public fragilisé. Aussi je vous demande si Mme la ministre compte
modifier cette règle doublement discriminante pour les personnes
handicapées et les entreprises.
Mme la présidente. La parole est à M. Luc Chatel, secrétaire d’État chargé de l’industrie et de la consommation.
M. Luc Chatel, secrétaire d’État chargé de l’industrie et de la consommation.
Je vous prie de bien vouloir excuser l’absence de Mme Christine Lagarde
et de M. Laurent Wauquiez qui m’ont demandé de répondre à votre
question, monsieur le député. Je sais que vous suivez depuis longtemps
ce dossier dont vous êtes un spécialiste.
Comme vous l’avez dit, la loi du 11 février 2005 a pour objectif de
permettre aux personnes handicapées d’acquérir un revenu direct lié à
leur travail et de leur conférer un statut d’autonomie fondé sur une
activité professionnelle. Les bénéficiaires de l’obligation d’emploi
des travailleurs handicapés doivent donc exécuter une prestation
minimale de travail rémunérée.
En conséquence, les bénéficiaires de l’obligation d’emploi ne sont
pas pris en compte dans l’effectif de l’entreprise s’ils n’y ont pas
été présents au moins six mois. Cela ne s’applique que pour les
bénéficiaires de l’obligation d’emploi qui sont en arrêt maladie d’une
durée de six mois et plus.
Les arrêts maladie d’une durée inférieure à six mois ne sont pas
pris en considération. Ainsi, les bénéficiaires qui se trouvent dans
cette situation sont décomptés comme s’ils avaient été présents toute
l’année.
S’agissant du calcul des effectifs des travailleurs handicapés, il
est apparu que les dispositions prévoyant une présence effective de six
mois dans l’entreprise peuvent être source d’inégalités de traitement.
Pour ne pas défavoriser les entreprises qui recrutent un travailleur
handicapé au cours du second semestre de l’année civile, celles qui ont
recours aux CDD, notamment dans les emplois saisonniers de très courte
durée, le législateur a décidé d’harmoniser le mode de décompte de
l’ensemble des contrats de travail. À cette fin, la loi du 1er décembre
2008 réformant les politiques de l’insertion a modifié le mode de
calcul de l’effectif des bénéficiaires. À compter du 1er janvier
2009, les travailleurs handicapés dont la durée de travail est égale ou
supérieure à la moitié de la durée légale ou conventionnelle seront
donc pris en compte pour une unité, à due proportion de leur temps de
présence effective dans l’entreprise au cours de l’année civile, quelle
que soit la nature ou la durée de leur contrat de travail.
Mais, pour ne pas encourager la multiplication des recrutements à temps partiel de très courte durée, la loi du 1er décembre
2008 dispose également que les travailleurs handicapés dont la durée de
travail est inférieure à la moitié de la durée légale seront pris en
compte à due proportion de leur temps de présence effective dans
l’entreprise, c’est-à-dire pour une demi-unité au plus.
Un projet de décret est actuellement soumis à l’avis du Conseil
d’État. En effet, il a semblé opportun de fixer la règle de décompte à
une demi-unité pour permettre l’embauche de personnes lourdement
handicapées qui ne peuvent travailler qu’à temps partiel inférieur à un
mi-temps, tout en évitant les effets d’aubaine pour les employeurs qui
recourraient au temps partiel sans réelle justification.